Demeures de Charme

Les maisons sont comme les femmes. Au premier coup d'œil, on sait si on pourra les aimer. Après, les choses se compliquent. On cède à leurs charmes, on découvre qu'elles ont un cœur de pierre. Le pire, c'est qu'on ne regrette pas un instant cette passion.

Les maisons nous fascinent. Leurs silhouettes, leurs lignes, sont le reflet d'un autre âge. Certaines affichent leurs rides, d'autres les masquent, les plus jolies sont les plus naturelles. Coquettes, elles portent les habits de leur siècle. Leurs toits sont des chapeaux, leurs fenêtres des yeux, leurs volets des paupières. J'en ai connu des bleus, des verts, des gris. Toujours en bois. J'en ai connu un qui battait au vent, toutes les nuits, comme un diable qui applaudit.

Lorsque leurs volets sont fermés, les maisons dorment, ou n'abritent plus personne. Elles s'ennuient, car elles aiment recevoir. C'est souvent l'hiver ou la fin de l'été. Les enfants se sont enfuis. Ils ont claqué les portes en faisant trembler les murs. C'est une image, car les vieilles demeures en ont vu d'autres. Mais leur cœur a été secoué. Elles ont dit au revoir à leur manière, en faisant grincer leurs gonds, un peu comme des grands-mères, leurs articulations.

Les maisons sont émouvantes. Leurs greniers sont remplis de trésors, leurs couloirs d'éclats de rire, leurs escaliers de cavalcades. On entend parfois craquer leurs souvenirs sur des parquets inégaux. De génération en génération, elles en ont tant vu. Certaines ne se livrent pas facilement. J'en ai connu une qui n'a jamais voulu confirmer le nom de l'invité prestigieux qui, d'un coup de queue de billard rageur, avait percé la grande toile du salon.

Quand leurs propriétaires ne sont plus là, les maisons se reposent. Leurs meubles sommeillent sous des housses, de vieilles couvertures. Les araignées tissent leurs toiles, avec une lenteur majestueuse, les livres prennent la poussière. Il y a, toujours, quelque part, quelque chose qui se déglingue. Sous leur allure costaude, derrière leurs façades épaisses, leurs murs carrés comme des épaules, les maisons sont fragiles. Elles ont vibré, connu des tragédies, des comédies.

Le jour où elles sont à vendre, leurs murs abritent mille chuchotements. Il faut y coller l’oreille. On entend circuler le nom des éventuels acquéreurs.

Ceux qui pensent qu’on peut acheter une maison sont naïfs. On peut, au mieux, acheter son silence. Mais son amour se gagne, pierre après pierre.

 

Yannick COSTECHAREYRE
Fondateur d’Immobilier Ross & Crosmann Architecture.

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